À travers le Salzkammergut

A TRAVERS LE SALZKAMMERGUT sans découvrir la plante tant désirée. À la fin, épuisée de fatigue, elle s’assit sous un sapin et ne tarda pas à s'endormir. Depuis combien de temps durait son sommeil? tout à coup une lumière éclatante l’éveilla : devant elle se tenait un vieillard au visage bienveillant encadré d’une barbe planche; ses vêtements verts étaient serrés à la taille par une ceinture d'or, une couronne d’or brillait sur sa tête et un sceptre dans sa main : « Lève-toi, jeune fille, » dit-il, « je veux combler ton désir. » Et à pas lents, suivi de Gertrude tremblant à la fois de crainte et d'espérance, il s'avança vers une paroi de rocher; arrivé là, il décrivit avec son sceptre des signes vers les quatre coins du ciel en murmurant des paroles mystérieuses; aussitôt, avec un roulement de tonnerre, le rocher s’ébranla, découvrant aux regards stupéfaits de la jeune fille une grotte merveilleuse, où le vieillard l’entraîna : aux murailles de cristal, sur des corniches, brillaient des milliers de verres ornés d’étoiles d’or, où diverses plantes fleurissaient. « Il y a cent ans aujour- d'hui qu’un être humain n’est entré dans mon royaume. » dit l'hômme; « mais comme tu es bonne et pieuse, je t'ai jugée digne d’y être introduite. » Et en même temps il lui servait quantité de fruits magnifiques et excellents, en la priant d'y goûter. Puis il alla faire un choix parmi les verres qui entouraient la salle. À la fin, il en apporta deux devant Gertrude; l’un contenait une plante verdoyante, chargée de feuilles et de tendres bourgeons; l’autre, une fleur aux teintes pâles, aux feuilles mourantes, et dont un ver rongeait la racine. « Regarde bien, jeune fille, et écoute attentivement, » dit le vieillard : « cette plante fraîche et vigoureuse, pleine de promesses, c’est la fleur de ta vie; cette autre, fance, représente la vie de ta mère : tu le vois, toutes ses feuilles sont desséchées, sauf une seule, mais celle-ci est malade également, et elle se fanera bientôt: ators, ta mère succombera. » La pauvre Ger- trude, à ces mots, fondit en larmes. « Ne pleure pas, chère enfant, il ya un moyen de la sauver : c’est de changer ces plantes de verres. — Oh ! fais-le donc aussitôt, je t’en prie ! — Patience, écoute-moi encore ! autant de feuilles porte ta plante, autant de feuilles fraîches pousseront de nouveau à celle de ta mère, mais, par contre, d'autant plus tôt se fanera ta fleur. — Qu’im- porte ! guéris seulement ma mère, je lui sacrifie ma vie de bon cœur. » Le désir de la jeune fille fut exaucé, et aussitôt elle put voir. avec une joie indicible, dix-huit feuilles nou velles pousser sur la plante à demi morte; mais elle ne remarqua pas qu'en même temps les bourgeons de la sienne commençaient à se flé- trir. Les larmes aux yeux, elle remercia le bon vieillard, qui la toucha légèrement à la tête avec son sceptre. Aussitôt, ses yeux se fermè- rent, et elle s'endormit, pour se réveiller plus tard à la même place où elle s’était reposée. Elle crut d'abord avoir rêvé; mais une plante incon- nue qu'elle trouva sur son sein lui apprit qu’elle avait vu réellement l’Esprit de la montagne. Joyeuse, elle courutà la maison, où sa mère l’at- tendait avec impatience, car le soleil était déjà couché. Elle lui raconta son aventure et fit avec l’herbe magique une potion que but la malade GORGE DE RETTENBACE

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