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A TRAVERS LE SALZKAMMERGUT 
st fertiles vallées où serpente la Traun courant rejaindre le Danube, ses petites villes et ses jolis 
“illages nichés dans la verdure et, cà et là, se mirant dans les eaux des lacs, c’est un tableau 
‘ésumé, d’autant plus séduisant, de toutes les Alpes, et c’en est plus qu’assez pour justifier le 
surnom de « Suisse autrichienne ». 1 
Ce n’est malheureusement pas sous ce seul rapport que l'appellation est méritée. Toute cette 
admirable contrée, ignorée encore il y a quatre-vingts ans des Autrichiens eux-mêmes qui ne se 
doutaient guère avoir chez eux une chute peut-être supérieure à celle du Rhin, un panorama 
:omparable à celui du Righi, un-lac — celui de Gmunden — rival de celui des Quatre-Cantons, se 
voit maintenant, par suite de l'invasion croissante des étrangers, menacée toujours davantage 
dans la poésie et l’originalité de ses aspects et de ses mœurs qui tendent, hélas! à s’effâcer peu à 
seu sous une banale uniformité cosmopolite. Dieu veuille que cette « marche du progrès » n’aille 
pas plus loin et qu’on n’écrive pas un jour un Tartarin en Salgkammergut ! 
LAMBACH ET SON ABBAYE. — L'ÉGLISE DE PAURA. — GMUNDEN ET SON LAC. — LE CHATEAU DU DUC DE CUMBERLAND. 
— L'ESPLANADE. — LES CHATEAUX D'ORTH ET DU DUC DE WURTEMBERG. — LA CHUTE DE LA TRAUN. — LES LACS DE 
LAUDACHSEE ET- DE ROTHELSEE. — FÈTE DES FLEURS SUR LE LAC DE GMUNDEN. — UNE NUIT AU CLAIR DE LUNE. 
rors embranchements de la ligne de Salzbourg à 
| Vienne donnent accès dans le Salzkammergut : 
l’un seulement jusqu’à Gmunden qui en est 
comme la porte, les autres traversant toute la contrée : 
l’un du nord au sud, d’Attnang à Steinach, l'autre du 
nord-ouest à l’est, partant de Salzbourg pour rejoindre 
‘e précédent à Ischl. 
Le premier est à cette station de Lambach : c’est un 
petit chemin de fer à voie étroite, la première voie ferrée 
construite en Autriche (1836), allant primitivement de 
Gmunden à Linz et à Budweiss en Bohême, et dont les 
trains, d’abord destinés au transport du sel, étaient alors 
‘irés par des chevaux. Il va nous conduire jusqu’au pied 
du Traunstein, « le Rocher de la Traun » et de son lac, 
«e Traunsee ou Gmundnersee. 
voue Mais, avant de monter dans le train, accordons une 
MAR EULTE AU CHATTAN D'ORTE visite au grand monastère de Bénédictins qui s'élève 
“ tout près et qui fut occupé par les Français en 1800 à la 
suite de combats livrés aux environs. 
Chemin faisant, on me conte l'origine du bourg de Lambach. Vers l’année go après Jésus- 
Christ, demeurait au bord du lac d’Attersee, dans un manoir appelé Comma, là où s’élève aujour- 
d’hui le château de Kammer, une noble famille païenne, dont la fille Flavia fut envoyée à Rome 
pour achever son éducation. Là, elle reçut les enseignements du christianisme, et lorsqu'elle 
revint chez ses parents, ceux-ci découvrirent avec stupeur qu’elle s'était convertie à la nouvelle 
“eligion. Les larmes de sa mère, les menaces de sôn père, rien ne put l’ébranler. Celui-ci, furieux, 
«a chassa de sa maison et l’abandonna, dépouillée de‘tout vêtement et enchaînée, sur un bateau 
qu’on livra aux flots impétueux de l’Ager, Emportée à travers les remous et les pierres du torrent, 
la pauvre enfant crut périr cent fois, mais enfin l'embarcation aborda aux prairies où se