Nr. 819.
M. de Panafieu, Ministre de France à Sofia,
à M. Pichon, Ministre des Affaires étrangères.1)
Sofia, le i3 juin 1913.
En indiquant à Votre Excellence dans mon télégramme que du côté
de la Bulgarie il y avait tendance à l’amélioration, je croyais encore que
le principal danger d’un conflit venait de Sofia. Aujourd’hui c’est
l’intransigeance de la Serbie qui rend la situation presque désespérée.
M. Spalaikovitch vient de revenir de Belgrade et a fait connaître les
décisions de son Gouvernement. Le roi Pierre 1er ne répondra pas au
télégramme de l’Empereur de Russie et M. de Hartwig s’est chargé d’en
exposer les raisons à Pétersbourg qui sont les suivantes: si l’arbitrage
n’était pas entièrement favorable aux prétensions serbes le roi Pierre Ier
abdiquerait en faveur de son fils et la Serbie ne pourrait pas accepter
la décision de l’Empereur. Dans ces conditions, le Gouvernement serbe
estime qu’il faut éviter de recourir à l’arbitrage, et, pour masquer sa
dérobade, il propose à la Bulgarie la démobilisation immédiate et es¬
compte avec vraisemblance que celle-ci n’y consentira qu’après l’accepta¬
tion réciproque de l’arbitrage de la Russie. Le Ministre serbe a remis
hier une note dans ce sens, il doit renouveler sa démarche demain, et,
si dans ce délai de quarante-huit heures la proposition n’est pas acceptée
sans réserves, il annonce qu’il retournera à Belgrade et que lundi les
provinces occupées seront annexées. Il reconnaît lui-même que c est
une sorte d’ultimatum, et que dès maintenant le moindre incident provo¬
quera la marche en avant des troupes serbes et le conflit. Cette attitude,
qui sera interprétée comme une grave incorrection à l’égard de l’Empe¬
reur de Russie, ne peut s’expliquer1, à mon avis, que si la Serbie, par une
orientation nouvelle de sa politique, s’est déjà assuré la neutralité de
l’Autriche et le concours de la Roumanie.
Panafieu.
Nr. 820.
M. de Panafieu, Ministre de France à Sofia,
à M. Pichon, Ministre des Affaires étrangères.2)
• Sofia, le i3 juin igi3.
Dans sa réponse à l’Empereur de Russie, le roi Ferdinand, après
avoir déclaré formellement qu’il acceptait l’arbitrage prévu dans le
1] Livre Jaune 1912, II, Nr. 33i.
2 ) Livre Jaune 1912, II, Nr. 332.
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27 Boghitschewitsch, Serbien. II.