monarchie des Habsbourgs proclamée aujourd’hui par le manifeste de
Sa Majesté l’Empereur et Roi d’Autriche-Hongrie. Le Gouvernement
Royal est persuadé que le traité de Berlin, d’autant plus que n’ayant pas
eu part à sa création, nous avons été obligés de le subir en tout qu’il
n’affectait notre sort, doit faire loi non seulement quand il impose des
devoirs et des obligations, entraîne des préjudices et exige des sacrifices
à la Serbie, mais aussi, et à plus forte raison, quand il offre une protec¬
tion à [nos droits, au moins dans les étroites limites où les dispositions
du traité leur donnent une reconnaissance expresse. Le Gouvernement
Royal constate ensuite que, bien que les droits serbes aient obtenu au
Congrès de Rerlin une satisfaction incomparablement inférieure aux
sacrifices supportés durant la guerre par les deux états serbes, Serbie
et Monténégro, et bien que la Serbie ait néanmoins accompli jusqu’au
bout et plus scrupuleusement qu’aucun autre Etat toutes les obligations
lui incombant de par le traité de Berlin, aucun changement survenu
pendant les trente dernières années dans l’état de choses établi par ce
règlement international pour la péninsule balkanique n’a été fait au
profit de la nation serbe, tandis qu’au profit des autres se sont produites
de nombreuses et graves atteintes et modifications. Cette persuasion,
ainsi que la constatation de ces faits, inspirent au Gouvernement Royal
Serbe l’espoir que les puissances signataires du traité de Berlin répon¬
dront à l’appel qu’il leur adresse aujourd’hui pour réclamer justice et
protection contre cette nouvelle et flagrante violation qui s’accomplit
unilatéralement en vertu du droit du plus fort, poursuivant satisfaction
de ses seuls intérêts sans égard aux atteintes profondes portées ainsi aux
sentiments, aux intérêts et aux droits du peuple serbe.
La Serbie ne saurait dans le cas présent obtenir pleine satisfaction
autrement que par le rétablissement complet de la situation faite à la
Bosnie et à l’Herzégovine par le traité de Berlin. Si cette solution est
considérée comme absolument impossible, le Gouvernement Royal faisant
appel aux sentiments d’équité des puissances signataires du traité de
Berlin, demande pour la Serbie une compensation correspondante1), afin
de maintenir les garanties indispensables à son existence d’état indépen¬
dant et de rétablir pour la nation serbe en général les conditions d’exi¬
stence dans la mesure tout au moins où elles étaient assurées par le
traité de Berlin. M. Boghitchévitch.
*) Der Gedanke an eine Kompensation für eine eventuelle Annexion Bosniens und
der Herzegowina soll dem serbischen Minister des Äußern Milowanowitsch schon am
4* September durch Iswolski in Karlsbad suggeriert worden sein. Henry Wickham
Steed, The Hahsburg Monarchy (igiß), p. 247- Das wird im wesentlichen bestätigt
durch den Bericht des serbischen Gesandten in Paris, Wesnitsch, vom 5. Oktober
(Boghitschewitsch, Kriegsursachen, S. i5a), wonach Milowanowitsch hei seiner
Karlsbader Unterredung mit Iswolski selbst der Ansicht gewesen wäre, daß
im Fall des österreichischen Verzichtes auf den Sandschak (und
von Grenzberichtigungen für Serbien) die Annexion Bosniens für dieses
annehmbar sei.
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