Die digitale Landesbibliothek Oberösterreich

Nr. 790. 
Télégramme du Ministre des Affaires étrangères 
de Serbie à M. V esnitch, Ministre à Paris, 
et communiqué par celui-ci 
au Ministre des Affaires étrangères.1) 
12 avril 1913. 
Sur la demande de F Autriche nous avons été obligés d’abandonner le 
littoral Adriatique avec une grande douleur, que nous nous sommes im¬ 
posée surtout par déférence pour la Russie et pour ses amis. Cette con¬ 
cession à F Autriche a été un coup sensible pour l’alliance des 
peuples balkaniques, puisque, par lui, on a dépouillé un des 
Alliés des fruits des conquêtes de la plus haute importance économique 
et politique. 
Se sentant isolée et désireuse de prévenir un conflit de 
l’Alliance balkanique avec l’Autriche-Hongrie, la Serbie 
s’est soumise à la volonté de l’Europe, elle a renoncé au littoral avec 
l’espoir que les Puissances amies l’aideront dans les autres questions, et 
surtout dans celle de la délimitation avec l’Albanie. De nouveau l’Autriche 
s’est dressée contre les demandes serbes en exigeant l’attribution à l’Albanie 
des contrées qui ont été serbes et sans lesquelles la Serbie ne pourrait 
avoir une frontière naturelle ni au point de vue géographique, ni au 
point de vue stratégique. Là aussi la Triple Entente a sacrifié notre 
minimum, et s’est rendue aux désirs de l’Autriche-Hongrie, qui, encou¬ 
ragée par ces succès, insiste pour conserver à l’Albanie Scutari et qui 
obtient un concours de l’Europe en vue d’une intervention contre le Mon¬ 
ténégro et la Serbie, pendant que ces pays sont en guerre avec la Turquie. 
Là aussi la Triple Entente se range du côté de l’Autriche-Hongrie et dé¬ 
pouille le Monténégro de la possibilité de prendre Scutari, beaucoup plus 
nécessaire à lui qu’à l’Albanie et empêche la Serbie de remplir ses obli¬ 
gations d’alliée. Tous ces sacrifices la Serbie les a faits, voulant donner 
la preuve à la Triple Entente de la déférence pour les Puissances qui la 
composent, ainsi que pour montrer |e prix qu’elle attache à ses sympa¬ 
thies, espérant au moins pouvoir compter sur l’appui des mêmes Puissan¬ 
ces au moment où il faudra fixer ses frontières définitives du côté de 
l’Albanie et de la Bulgarie. Si les Puissances de la Triple Entente ne 
réussissent pas à empêcher la Bulgarie de franchir la rive droite du 
Vardar et si elles ne l’arrêtent point dans ses velléités de pousser ses 
nouvelles frontières jusqu’à l’Albanie, la Serbie s’y opposera avec ses propres 
forces dans le suprême intérêt de sa propre défense, vu que, dans le cas 
contraire, elle se trouverait dans une position beaucoup moins favorable 
1) Livre Jaune 1912, II, Nr. 234- 
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