Ob Herrn Sasonow bei seiner letzten Aktion nicht doch die Idee vor¬
geschwebt hat, daß Rußland und nicht Österreich dereinst als Befreiter
Mazedoniens dastehen müsse, mag dahin gestellt bleiben.
Lucius.
Nr. 608.
M. J. Cambon, Ambassadeur de France à Berlin,
à M. Raymond Poincaré, Président du Conseil,
Ministre des Affaires étrangères.x)
Berlin, le 19 septembre 1912.
Le Chancelier, qui est encore à Hohenfinow mais qui vient de temps
en temps à Berlin, m’avait donné rendez-vous aujourd’hui.
Je lui ai demandé s’il était vrai, comme l’annoncent certains journaux
de ce soir, que les négociations de Lausanne entre les Turcs et les
Italiens eussent fait aujourd’hui un grand pas, grâce à une proposition
de l’Allemagne. M. de Bethmann m'a répondu qu’il espérait que ces
négociations marchaient et aboutiraient à un résultat effectif mais que
l'Allemagne n’était pas intervenue et qu’elle n’aurait aucun mérite parti¬
culier dans l’issue finale.
Nous nous sommes étendus ensuite sur la situation dans les Balkans.
Mon interlocuteur s’est montré assez optimiste: il ne croit pas que les
Bulgares prennent l’initiative d’une action militaire. «S’ils avaient des
intentions belliqueuses, a-t-il ajouté, j’espère que la Russie sera assez
forte pour les contenir: la Russie ne veut pas la guerre; vous devez le
savoir mieux que moi.» — «C’est la vérité, lui ai-je répondu; la Russie
est pacifique; mais si, par suite d’une circonstance imprévue, un conflit
venait à éclater en Macédoine, il n’y a pas que la Russie, il y a
l’Autriche, et je vous dirai à mon tour, vous devez savoir mieux que moi
quelles sont les intentions de Vienne.» — «Personne ne veut la guerre
en Europe, a repris M. Bethmann-Hollweg, personne. J’espère que si
un conflit éclatait, nous pourrions le localiser; les Puissances devraient
s’entendre pour y parvenir.» — «Vous pensez donc, ai-je dit, que l’on
pourrait agir dans ce sens à Vienne avec succès.» — «Oui, m’a-t-il
répondu, je crois à la localisation du conflit.»
J’ai essayé de le pousser plus loin. Négligemment et dans une phrase
incidente, je me suis demandé ce qu’il adviendrait si la
Russie et l’Autriche se trouvaient elles-mêmes aux prises;
mais mon interlocuteur n’ayant pas relevé ce propos, je n’ai pas insisté
davantage.
Jules Cambon.
*) Livre Jaune, 1912. I. Nr. 99.
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